Les grands courants Historiographiques

Publié le par Les L3 d'histoire de poitiers

Les grands courants Historiographiques

Chapitre 1

Présentation des différentes écoles historiques

Ous allons décliner ensemble les différents discours sur la méthode historique ? comment les historiens, conçoivent et écrivent l’histoire du moyen âge à aujourd’hui ? Nous allons examiner la production historique.

I « Nous n’avons une histoire de France que depuis 1789 ?»

Nous commençons sur une boutade, l’histoire à évidemment commencé bien avant, il y a eu de nombreux ouvrages… Mais avant 1789, la production historique est enfermée dans un carcan cyclique, sans s’interroger sur les causes et les conséquences. A l’époque moderne c’est le carcan religieux qui dicte l’histoire. Il n’y a pas de devenir de l’homme, de vision à long terme.

1) La production historique médiévale

Au moyen âge, cette histoire se divise en deux grandes parties. Une histoire Chrétienne, qui existe sous la forme d’hagiographie, des biographies, des chroniques. AU haut moyen âge, il  n’y a pas de sens historique, il y a une perception discontinue des évènements, il n’y a ni cause ni conséquence puisque ces évènements sont les produits de l’arbitraire divin. L’histoire est la mise en œuvre des desseins divins sur l’humanité. A partir du XIIème siècle on a une inflexion de la production histoire concomitante avec une inflexion de la théologie. Le récit acquiert une cohérence, la recherche de la temporalité. Le temps devient une valeur plus importante qu’auparavant, même si la chronologie n’était pas aussi rigoureuse aujourd’hui.
Au XIV, nous datons la naissance de l’histoire politique. C’est l’apparition des chroniqueurs, Jean Froissart et Philippe de Commynes. Les événements sont restitués sous la forme des faits et gestes des puissants, au service des princes. On est passé du service de Dieu au service des rois et des seigneurs. Mais il y a toujours un message idéologique, ils relatent les faits de façon incomplète, ils sont partiaux, le regard des chroniqueurs est bienveillant à l’égard de leur mécène. Ils apportent aussi un soucis de composition du récit, de rédaction. Le jugement est perspicace mais subjectif.
À la fin du moyen âge, la typologie de l’histoire à plusieurs formes. L’histoire des cours, l’histoire récitée par les jongleurs, les lecteurs. L’histoire des moines érudits (le Nom de la Rose). L’historien de bureau, celui qui compile les sources, celui qui ressemble le plus à nos contemporains. L’histoire est donc passé du divin au politique avec les soucis de la vérité et de la chronologie.

2) Le développement du XVIIème au XVIIIème siècle.

La production fait de grands pas en avant. En 1781, la publication de la De re Diplomatica par Don Mabillon, la première critique des sources utilisées, ce pas est énorme. La critique des documents d’archives amène le doute, il n’y à pas un seul fond, il faut le croiser avec d’autres. Cela débouche aussi sur la démarche contemporaine de l’historien, la démarche critique de l’historien, l’essentiel de son travail. Pour la première fois, l’historien devient un métier, il ne rend plus un culte à Dieu mais à l’archive. Ces pièces originales doivent passer sous sa critique. L’historien définit aussi une chronologie exacte des faits. Mais l’histoire n’est toujours pas considérée comme un travail, elle est alors subordonnée à la Philosophie, les Belles Lettres, la politique. Mais elle existe. Elle se développe grâce à l’action des philosophes des lumières.
Voltaire écrit en 1751, le siècle de Louis XIV, une réflexion sur l’histoire. En 1744 il a écrit les  Nouvelles considérations de l’histoire. Il apporte l’analyse critique de la matière.

II La naissance de l’histoire en tant que science, le début du XIXème siècle

    En 1789, les révolutionnaires font l’histoire, ils se détournent de sa production. Sous l’empire de Napoléon 1er, l’histoire réapparaît, mais c’est une histoire impériale, elle vise le culte de l’homme, de l’empire. Il faudra attendre la fin de l’empire…

    1 ) Le redémarrage de la production historique

    Il a lieu pendant l’épisode du consulat en 1802, avec la publication par Châteaubriant de Génie du Christianisme, c’est le renouveau du passé national. Il augure du grand mouvement du XIXème, le romantisme. Pour la première fois, l’historien tient compte de la sensibilité des choses vécues, de l’esthétique… On réécrit l’histoire mais différemment, avec des sources locales.
Le travail se poursuit après Châteaubriant sous la monarchie de Juillet, 1830-1848. On assiste à une effervescence de l’histoire. Il y a une multiplication de sociétés, d’académies où les historiens publient des récits d’inégales valeurs. Pourquoi ? l’histoire ne s’intéresse qu’aux classes dominantes, la priorité est aussi romantique, on s’enthousiasme pour le lyrisme, la poésie, au dépend de la critique.
On connaît au XIXème une mutation idéologique, elle à lieu dans la première moitié du XIXème. Elle est due à deux grands noms de l’histoire, Michelet (1798-1874), Guizot (1785-1894), un républicain, un libéral. Ces historiens s’engagent, ils s’engagent pour la diffusion des idées libérales « enrichissez-vous », ils utilisent l’histoire à ce profit. Ils assument et justifient la révolution jusqu’aux Trois Glorieuses de 1830 qui voient le triomphe des idées libérales. Mais Guizot est beaucoup plus nuancé face à la démocratie libérale de 1848 et son suffrage universel direct.

Le bilan, l’histoire devient de grande qualité, le style devient superbe, les historiens sont alors des écrivains et des compteurs. L’histoire est un comte, mais ne bénéficie pas de la rigueur scientifique. Guizot apporte à la postérité l’adéquation entre les causes et les conséquences, « l’histoire des structures », Michelet apporte la vision globale, l’histoire totale (économique, sociale, culturelle…).

2 ) Une nouvelle approche de l’histoire, les positivistes

Elle fait son apparition dans le dernier tiers du XIXème avec le lancement en 1876 d’une revue par Gabriel Monod, la Revue historique.
Elle est définie par Victor Duruy, ministre de l’instruction publique. Cette école positiviste ne s’intéresse qu’au passé strict. L’histoire ne doit s’applique qu’a l’étude du passé révolu dans le but d’éclairer les mécanisme de l’évolution historique. Pas d’histoire immédiate, pas de temps présent… Gabriel Monod le dit dans le premier numéro de la revue. « l’histoire ne peut s’occuper que d’une période lorsqu’elle est morte, que du passé », laissant le présent au politique et l’avenir à Dieu. Il faut aussi viser à l’objectivité absolue. L’historien n’aurait pour but que d’enregistrer, d’accumuler les faits avec un soucis de l’archive énorme. On vénère l’archive, mais on la critique plus réellement. Enfin, cette histoire ne s’intéresse pas comme Michelet à tous les domaines, elle se contente de l’évènementiel, de la politique, de l’histoire militaire, des biographies des grands hommes et uniquement de l’histoire nationale... Pas d’histoire comparative, par d’histoire des mentalités, pas d’histoire des mœurs, par d’histoire des autres pays (nous sommes alors en pleine colonisation). C’est donc une histoire tronquée, fondée sur un temps linéaire. Elle se dit objective par l’accumulation nouvelle des sources au sein des dépôts d’archive.
Mais cette histoire domine les deux branches, celle de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur (les manuels), celle de la recherche historique. Elle domine la période par ses conceptions, ce sont les historiens positivistes qui détermine les programmes, ce sont eux qui dirigent les grandes collections, l’Histoire de France d’Ernest Lavisse qui vise à l’objectivité et la collection de Louis Halphen et Philippe Sagnac, Peuples et Civilisations. Le but non-dit de tous ces manuels est d’asseoir le régime républicain en exaltant la nation de Jeanne d’Arc à la IIIème république tout en justifiant la colonie.  
Bilan de l’école, le travail devient pour la première fois méthodique, pour la première on collecte réellement les archives, pour la première on soumet le document à une double critique (interne et externe), pour la première fois le récit s’est organisé, pour la première fois l’historien est reconnu, ça c’est pour les bons points. Pour les côtés négatifs, l’histoire perd en objectivité en étant au service unique de la république et de la colonisation, l’accent n’est mis que sur un type d’histoire, la politique, l’histoire militaire mais dans le mauvais sens du terme, en laissant de côté la majorité des français.

III Les Nouvelles tendances de l’historiographie française au XXème siècle.

Ces nouvelle tendances vont se dresser après la première guerre mondiale pour se dresser sans partage contre l’école positivisme renouvellent l’histoire contemporaine.


1) Henri Berr

C’est l’un des premiers à réagir contre les méthodes de l’école positiviste. Il reproche à l’école le caractère propre de l’érudition, pour lui l’histoire est avant tout un mode de réflexion. Pour faire passer ses idées, il lance une collection d’ouvrages : l’évolution de l’humanité. Il avait au préalable lancé la Revue de Synthèse, qui durera pendant 50 ans. C’est la première fois que la revue s’intéresse à la transdisciplinarité, elle se veut être au carrefour de différentes sciences humaines. Elle intègre les grands courants de la sociologie avec Emile Durkheim, de la géographie avec Vidal de la Blache, l’économie avec Philippe Simiand, des psychologues. Face à l’hégémonie positiviste, l’historien doit élargir sa science, l’histoire doit devenir universelle, il faut que l’histoire s’intéresse enfin à l’histoire structurelle, l’économie, l’histoire civilisationelle. De fait, ce qui faisait la cheville ouvrière des positivistes perd de la substance, on néglige l’événement au profit de la longue durée. On emprunte aux autres sciences. Cet exemple devient important avec une date particulière.

2) L’expression de cette nouvelle tendance

Cette expression s’épanouit au sein d’une nouvelle revue, les Annales, en 1929. elle est accolée au nom de ses deux fondateurs, Marc Bloch et Lucien Febvre. Les noms de son comité de rédaction participe au monde des sciences humaines : sociologues, psychologues… Les deux créateurs voulaient un grand moment, déplacer l’observation de l’histoire. On dédaigne l’histoire politique,le regard est désormais portée vers l’économie, l’histoire de l’organisation sociale, la psychologie des masses.
Pour la première fois, on n’exclu l’histoire du présent, « le but est de comprendre le présent par le passé et le passé par le présent » M.Bloch. c’est donc le passé de l’histoire des sociétés qui va enrichir l’histoire de nos sociétés. Cette introduction ne se fait pas simplement, il faudra combattre pour avancer ces nouveautés. L’école des Annales produit donc beaucoup, Lucien Febvre (moderniste) publie deux livres références en 1928 Un destin, Martin Luther, 1942 La Religion de Rabelais. Marc Bloch élargie l’histoire vers de nouveaux domaines : l’économie, les séries, il écrit Les caractères originaux de l’histoire rurale Xième XIIème siècle en 1931. En 1936 sous l’angle des mentalités collectives la Société Féodale, nouveau champ : l’ethnologie en 1923 avec Les rois thaumaturges.
L’autre grand maître : Fernand Braudel et sa thèse entre 1950-75 sur La Méditerranée à l’époque de Philippe II. De Fernand Braudel découle une pratique de l’histoire, il a apporté une nouvelle réflexion sur le temps. Pour la première fois, Braudel travaille sur la longue durée mêlée à l’espace et au temps. Il y a d’après lui plusieurs durées, plusieurs temps, il en voit trois. Premier temps, l’histoire immobile, l’histoire des rapports entre l’homme et le milieu environnent, c’est histoire « est lente à coulée et à se transformer ». Il y a un deuxième palier, l’histoire des structures, l’histoire sociale. Cette dernière est plus rythmée, on s’intéresse à la démographie, qui entraîne des changements à moyen terme. Le troisième palier c’est l’histoire des individus, celle de l’agitation de surface. Il s’en méfie beaucoup car elle trompe les durées et elle est capricieuse. Cette histoire revient des positivistes, il la redoute donc, elle ne l’intéresse pas. 

3) Les nouveaux terrains défrichés après la seconde guerre mondiale.

Elle s’appuie sur une transformation des Annales, Annales ESC (économie, société, civilisation). Elle s’appuie sur un lieu d’étude l’EHE (école des hautes études). Les nouveaux domaines sont pour certains les continuations des courants des Annales. Il y a celui de l’histoire économique, elle suit deux cheminements, celle des grands cycles, de la longue durée ; mais aussi celui de l’historie sérielle, les séries de prix, salaires et la démographie, gros chantier de l’histoire. La grande thèse en histoire démographique de Pierre Goubert, les Paysans du Beauvaisis. On a réduit les périodes et les espaces d’études, il s’agissait donc d’une succession de monographies locales qui ajoutés les unes aux autres permettaient de se donner une idée de la France. A partir des années 1970, l’angle de l’ethnographie avec Philippe Aries, l’histoire des attitudes, face à la vie, la mort, l’enfant.

Si l’on tire un bilan sur l’école des annales, il faut retenir l’histoire globale, celle des vastes ensembles, plus seulement les hommes et des faits militaires. On essaye de saisir l’homme dans son environnement, mais voulant englober trop de choses elle a due restreindre son échelle, on lui a ainsi reproché ses études monographiques. Le deuxième apport à été selon Michel Vovelle «l’historien peut maintenant travailler de la cave au grenier », on travaille sur toutes les archives, toutes les sources. Les curiosités de l’historien se sont élargies, mais il y a eu des limites, l’homme ordinaire n’intéressait plus, on ne s’intéressait qu’aux marginaux, mais il s’agissait d’une histoire nouvelle.

4) Le renouvellement en cours depuis une vingtaine d’années

Il y a eu un mouvement de balancier, des institutions ont donc redonné leurs lettres de noblesses à l’histoire que les Annales avaient négligées. Premièrement, l’événement à retrouvé de son intérêt, pour vendre l’histoire, il faut de l’événement. Le public porte de l’intérêt pour l’histoire évènementielle, mais cette fois on le lie à l’histoire immédiate, à l’accélération de l’histoire contemporaine, l’histoire du temps présent avec l’IHTP (institut de l’histoire du temps présent). Il y a eu le retour en grâce de l’histoire politique au bon sens du terme, pas seulement les grands hommes et les grandes batailles. Reste aussi l’histoire des relations internationales. L’histoire de tous les acteurs du jeu politique. L’histoire politique est aussi l’approche du rôle de l’état par rapport à l’individu. René Rémond lorsqu’il dirigeait la faculté de Nanterre puis de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (privés) à redonner du goût pour le jeu politique.

Publié dans Cours de spé contempo

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J
jè suis content.
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S
attention aux fautes d'orthographe et aux homonymies cocasses : les écrivains sont des '' compteurs '' ( à gaz, peut-être ? et l'histoire est un comte... Nul doute que l'Histoire ne soit noble mais de là à lui accorder un titre ...<br /> Pour le fond, j'ai appris beaucoup de choses. Merci
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B
Cet article m'a été utile et je voue en remerci . Mais il me semble qu'il y a une omission dan votre texte, vous oubliez la contribution de la civilisation arabomusulmane dans l'écritue de l'histoire et l'instauration de l'approche historique. Que faites vous d'Ibn khaldoun.
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