les opinons face à l'europe

Publié le par Les L3 d'histoire de poitiers

Chapitre X et XI.

Les opinions face au processus communautaire : l’exemple de la France.

Rien n’est plus difficile que de cerner les opinions. Comme outils, nous avons la presse, le dépouillement des sondages d’opinions. Nous avons seulement depuis 1973, un instrument créé par des membres de la commission de Bruxelles, détaché à la formation et à la communication. Cet outils s’appelle les Eurobaromètres, il comprend un certains nombre de sondages dans tous les pays de l’Europe ou ceux qui vont y entrer. L’intérêt c’est leur fréquence, 1 tous les six mois. Aujourd’hui nous avons des flashs baromètres sur des questions différentes. Les questions courantes sont :  vous sentez-vous européen, votre bénéficie-t-il de l’Europe…
Comment les français ont-ils donc réagit face à l’Europe.

Pendant très longtemps, pour tous les partisans de la construction européenne, ils pensaient avoir le soutient de l’opinion, mais on ne la consultait pas vraiment. Il y avait donc le postulat de la part des élites.
La prise de conscience du décalage entre ce qu’il se faisait et l’opinion publique est très récente. Elle date de la première consultation : Maastricht en 1992. Ce décalage a été montré, incarné par la très faible ratification dont avait fait l’objet le traité. Pire, un an après, d’après les sondages, il ne serait pas passé. L’Europe, disent les élites d’un déficit démocratique. De nombreuses études se sont donc fait pour tenter de comprendre  ce phénomène. Les études ont d’abord porté sur la France, puis à l’étranger avec des modèle comparatistes.

I. 1950-1980, l’étonnante stabilité des opinions françaises.

Jusqu'à la fin des années 80, les élites étaient confortées par un consensus de l’opinion.

1) l’ampleur du sentiment d’adhésion à la construction européenne.

Les premiers sondages datent de 1947, jusqu'à la fin des années 1960. En gros, 60% des français répondent favorablement au processus d’unification de l’union Européenne dans les années 50. Ils sont 70% dans les années 1960.
Les années 70 renforcent encore cet acquiescement de la population française. Cette fois, on demande si l’appartenance à la communauté est une bonne ou une mauvaise chose ? On retourne au chiffre des années 50, 60% des Français sont favorables. A la question sur la volonté de poursuite du processus d’unification européenne, alors là, 80% sont favrorables.
Les années 1980 confirme et amplifie cette tendance, en 1989, 85% des français se déclarent favorables à la poursuite du phénomène d’identification. La France est au premier rang des partisans de l’unification européenne. Mais dès 1990 la courbe décroche et la France est loin d’être la première partisane.

2) Ampleurs et limites.

Il y a trois limites à ce consensus de façade.
Il y a toujours un pôle hostile à l’union européenne. Le meilleur exemple c’est la crise de 1954 au sujet de la CED. Ce pôle peut s’agréger des sans opinions et des européens de raison. Ce pôle peut ainsi cristalliser des réticences, même chez ceux qui seraient plutôt favorables à l’Europe. Ainsi lorsque l’on regarde les sondages, à chaque obstacle, à nouvelle avancée, l’opinion peut rejoindre le pôles hostiles.
Deuxième limite : la mesure de l’intensité des sentiments favorables. Dans les sentiments favorables, il y a un tiers convaincu, les activistes. Il y a un tiers de suivistes. Ces suivistes peut à un moment donner rejoindre la majorité hostile. Enfin il reste un tiers d’indécis. Ce consensus mou peut devenir une véritable très hostile. De plus il reste un manque profond d’information jusqu’au années 1980.
Troisième limite, les limites diachroniques. La construction européenne n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a de nombreux reflux dans le soutien de l’opinion française. Il y a un décalage entre un sentiment qui relève de l’affectif, pour l’idée d’Europe, et une lorsqu’une réalité s’impose. Pour les français, l’Europe n’est ni une priorité, ni une urgence.

3) Variables

La première variable participe de l’idéologie. Les opinions partisanes varient selon l’échiquier politique. Il y a un refus des extrêmes (gauche et droite) de l’Europe. Il y a une perméabilité du centre (démocrates-chrétiens) et de la famille socialiste. Se pose le problème des Gaullistes, contrairement à une idée reçue, il figure parmi les partisans de l’union européenne. Les communistes se rallient plus tardivement à l’idée européenne, jusqu'à la période de la PAC.
La seconde variable est socioprofessionnelle. C’est l’une des variables les plus déterminantes pour juger de l’attachement à l’idée d’union européenne. Les couches populaires sont toutes relativement hostiles. Les ouvriers sont eurosceptiques ou défavorables, ils ont peur du chômage. Les cadres supérieurs et les professions libérales sont très favorables. Les agriculteurs à la base sceptique deviennent des soutiens important de la politique européenne.
La dernière variable, il y a une corrélation entre le niveau de revenus et le degré d’instruction. Plus on a fait d’étude, plus on est riche, plus on est partisan de l’Europe. Il y a une sociologie élitiste du sentiment européen. L’intérêt pour la chose politique aussi détermine votre sentiment européen. Cette variable s’ajoute ainsi aux deux autres.

II. L’évolution de l’opinion depuis le traité de Maastricht.

Le décrochage à lieu au début des années 1990. c’est la fin du consensus mou. C’est la fin du principe du soutien basique à l’union. Il n’y a plus au début des années 1990, il n’y a plus de marge de manœuvre. A l’inverse, les sentiments vont être clivées.

1) Une opinion polarisée.

L’opinion prend parti, elle choisi son camp. Deux tendances émerges, c’est la montée d’un nouveau phénomène : l’euroscepiticisme, monté du rejet. La marge de manœuvre est désormais comptée. L’opinion se répartit selon des tendances bien marquées. On trouve ensuite une permanence dans les variables sociologiques et socioprofessionnelles. Le sentiment se répartit désormais en quatre grandes tendances.
Un groupe extrême, les militants de l’Europe. Très souvent ils sont favorables à une Europe fédéraliste.
Un autre extrême, les militants du rejet de l’Europe.
Au centre, deux autres tendances. Les Européens de raison. Les indifférents, les européens distants.

2) Une véritable crise de confiance.

A la fin des années 1990, 40% des français jugent l’appartenance à l’Union Européenne positive. On leur demande s’ils ont retiré des avantages de leur appartenance à l’Union Européenne, 44% pensent qu’ils ont retiré des avantages. Le doute s’est installé chez plus de la moitié de la population. C’est vrai pour la France mais aussi désormais en Allemagne. Pourquoi ? Les raisons, économiques arrivent en tête. Désenchantement du marché unique. Désenchantement face au chômage… L’horizon des français devient un horizon national, ils privilégient les intérêts nationaux. Ils ne sont plus favorables aux nouveaux élargissements.
L’Eurosceptisisme s’est installé dans des couches sociales plus aisées. Les français ont beaucoup d’attente et beaucoup de craintes à la fois. Il cherche dans l’Europe une protection face à la mondialisation.
Ils sont parmi les population les plus frileuses face à l’élargissement. La crainte du « plombier polonais », peur des délocalisations, du chômage...

3) Variables et logiques sociopolitiques.

L’une des familles qui avait été favorables aux choix européens s’est divisée lors du référendum constitutionnelle, les socialistes.
La variable socioculturelle n’a pas changé, l’écart s’est simplement creusé entre ceux qui ont fait des études courtes ou supérieures.
Enfin la variable générationnelle, partant de l’idée reçue suivante. Les jeunes seraient a priori plus favorable aux choix européens. C’est vrai pour jeune avec des études supérieures. L’Europe pour les jeunes ne représente pas les grandes causes, il n’y a pas de martyr européen.
Dernière variable la variable sexuelle. Les femmes sont elles plus europhiles que les hommes. Elles sont un peu moins europhiles, mais elle a été infirmé lors du vote sur le traité de Maastricht.
La variable socioprofessionnelle reste la plus importante. Le rejet du traité de Maastricht a été particulièrement important chez les ouvriers, les agriculteurs, les artisans et les commerçants. En revanche Maastricht fut approuvé par les professions libérales, les cadres sup, les professions intellectuelles, les fonctionnaires, idem chez les inactifs et les retraités. Dans cette période, le clivage socioprofessionnel est resté prépondérant.
Ce qui a changé c’est que les clivages gauche droite ne se recoupent pas. La France d’en haut à voté pour, la France d’en bas, surtout rurale à voté contre.
Le diplôme est resté un critère déterminant. Plus on est bac + plus on est europhile.


III. Les Français, les Européens et les élections européennes.

Quel est l’intérêt d’étudié les résultats des élections européennes ? Il s’agit d’un sondage grandeur nature, d’un baromètre de l’Europhilie. Il y a eu 6 élections entre 1979 et 2004. Mais il n’y a pas beaucoup de suspense, il n’y a pas d’opinion publique européenne, il y a des juxtapositions d’opinions publiques nationales. Ces élections sont toutes précédées de campagnes. Il y a une campagne par pays, et une campagne officielle faite par la commission Européenne. Après sondage, on se rend compte que la campagne officielle ne sert à rien car elle n’est pas repérée par les électeurs.
Déficit de connaissance, déficit de communication, déficit de campagnes transnationales. Il n’y a pas de meetings européens.

1) 5 élections européennes en quête de reconnaissance.

Les politistes ont esquissé une tentative de modèle des élections européennes. Ce modèle va de 1979 jusqu’en 2004, s’en avoir subi de grandes retouches.
Le premier critère pour les élections européennes c’est l’abstention. Elle n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2004, le scrutin ne suscite que peu d’intérêt de la part des européens. En 1979, en France il y 39% d’abstention. Dès le premier scrutin, tous les records d’abstention ont été battu. L’abstention touche tout le corps électoral, cette abstention est trans classe d’âge, trans-professionnel. En juin 1984 cela continu, avec 43% d’abstention. En 1989, l’abstention est de 51%, moins d’un français sur deux est allé voté. 47% en 1994, en 1999 53% d’abstention. 57% en 2004.
Est-ce que cette abstention reflète un rejet de l’UE ? Ce n’est pas aussi simple que ça, cela s’apparente plus à une indifférence totale de l’enjeu. De plus ces élections ne se jouent pas sur des enjeux majoritairement européens, les débats sont constamment escamotés par des débats de politique intérieure. L’Europe n’est jamais l’enjeu prioritaire des élections, même si au deuxième plan l’Europe occupe le terrain. Ainsi en 1979, un quart seulement des français déclarent s’être prononcés sur les questions européennes. Pareil en 1984, c’est le choc de l’opposition que centralise les questions, recul en 1989, mais en 1994, 2/3 des français déclarent se prononcer en fonction des problèmes nationaux.
La multiplication des listes grâce à l’offre pléthorique et à l’élection à la proportionnelle. 1979, 11 listes. 1984, 14 listes (montée de l’extrême droite). 1989, 15 listes en présence et désagrégation des grands partis en présence. 1994 et 1999, il y a 20 listes. En 2004 la France est découpée en circonscriptions électorales, il y a une vingtaine de listes dans chacune des huit circonscriptions électorales. 
Ces élections européennes sont très souvent en France et ailleurs marquées par un vote sanction à l’égard du pouvoir en place. Les Français se défoulent, ces élections annoncent se qui va arriver par la suite lors de scrutins de plus grandes importances. Ainsi les français se tournent vers les petites listes, l’extrême droite apparaît en 1984, les verts se développent en 1989, les souverainistes en 1999. ces élections sont analysées par les politistes comme des élections de second ordre, elles n’ont pas autant d’importances que les législatives ou les présidentielles.
Le paradoxe c’est qu’au fur et à mesure que le Parlement Européen a gagné en pouvoir, l’abstention augmente. Nous ne sommes pas encore en mesure de l’expliquer.

2) Les résultats sans surprises des élections de juin 2004.

La sixième consultation revêt une importance notable, elle est la première après l’élargissement. On croyait à un enthousiasme certain surtout dans les nouveaux entrants. 352 millions d’électeurs sont convoqués aux urnes. Jamais les enjeux n’avaient été importants. Les discussions sur le traité constitutionnel, sur l’entrée de la Turquie, un vote grandeur nature avec 1à nouveaux membres, de nouveaux pouvoirs au Parlement… Toutes les conditions étaient rempli que l’abstention soit réduite.
L’abstention reste la première caractéristique de ces résultats. Elle s’amplifie et se généralise à tous les pays. 54 % en moyenne pour tous les pays. Mais elle a été moins importante dans les 15 « vieux membres », néanmoins l’écart reste important avec 1999. L’abstention à touché les jeunes électeurs, 1/3 des 18-24 ans s’est déplacée. L’abstention s’est enfin généralisée à tous les pays. L’Europe des 15 à mieux résisté à l’Europe de 25. L’abstention à été beaucoup plus forte chez les nouveaux entrants, les records d’abstention sont détenus par la Slovaquie (84%) et la Pologne (79%). Seules les deux îles (Chypre et Malte) sorte de lot avec 27% et 19% d’abstention seulement. Dans le bloc communiste seul un quart des inscrits s’est rendu aux urnes…
Première explication de vote pour les nouveaux pays, ces élections ne font pas encore partie de leur histoire, cela n’est pas un rituel. Finalement ces nouveaux pays n’ont absolument pas intériorisé leur identité politique européenne. L’Union Européenne vient au deuxième rang de leur préoccupation. Troisième explication, si les électeurs ne se sont pas déplacés, c’est qu’ils se sont senti comme des européens de seconde zone après la longue durée de leur adhésion. Quatrième explication, tout comme les Français ou les Allemands, il ne se sont pas représentés l’utilité des enjeux, ces enjeux semblant beaucoup trop lointain et beaucoup trop loin de leur préoccupation quotidienne. Cinquième explication, beaucoup de ses pays traversaient de graves crises de régimes. Dernière explication, l’abstention est spécifique aux élections européennes, les taux des autres élections sont « normaux ». Septième explication, ces populations ont pensé que les jeux étaient fait, il venait tous de se prononcer par référendum pour l’adhésion de leur pays à l’UE, ils n’ont pas jugés nécessaire de se déplacer à nouveau. Enfin , la guerre en Irak n’a pas servi les choses. 
La signification et le profil des abstentionnistes. Chez les anciens et les nouveaux membres, il y a un nouveau profil ; jusqu'à 2004, l’abstention était analysée comme un rejet de l’Europe. Deuxième caractéristique, l’abstentionniste était hors-jeu politiquement, manqué d’intérêt… Depuis 2004, le nouvel abstentionniste est un intermittents du bulletin de vote, cela dépens des fois. Il marque une défiance sans pour autant se désintéresser de la chose politique. Nous sommes en présence de modes électoraux discontinus. Ces abstentionnistes sont la plupart du temps démotivés par l’Europe.
Les élections de 2004 ont-elles été un vote sanction à l’égard des gouvernements en place. Oui, sur les 25 pays, à l’exception de 5 pays (Espagne, Grèce , Finlande, Slovaquie, Chypre), les autres pays ont vu des votes qui ont remis en cause les politiques en place ( France, Italie, République Tchèque…).
Est-ce que ces élections ont vu ou non la montée de l’Eurosceptisisme ? Les résultats sont variables. Ces mouvements ne sont pas récents ( FN, Pasqua, De Villiers…). Enfin si on ne définit pas l’europsceptisisme (europhobe, sceptique, indécis…) on ne peut pas clarifier la situation. Des partis veulent que leur pays sorte de  l’UE. D’autres sont critiques, reste enfin les sceptiques. Il est parfois difficile de faire la différence. Il faut voir dans quels groupes les députés de ces groupes s’inscrivent. Les groupes IND (indépendance et démocratie), UEN (Union pour l’Indépendance des Nations). En 2004, il y a plus de députés dans ces deux groupes qu’en 1999. ces nouveaux députés viennent avant tout des nouveaux pays entrants, c’est un europsceptisisme différentiel. Dans la vieille Europe, il y a au contraire un recul de l’Eurosceptisisme. En 1999, la liste Pasqua De Villiers réunissait 13 députés, 6 de CPNT. En 2004, il ne sont plus que trois… La palme de l’Eurosceptisisme revient à la Pologne, qui décline toutes les variations possibles.


Ces Europdéputés doivent donc siéger au Parlement Européen qui en 2004 devait regrouper 732 députés, il y a eu 25 élections nationales. Le groupe majoritaire est le PPE avec 268 députés, suivi par le groupe socialiste PSE et ses 200 députés. Un nouveau groupe s’est créé par deux personnalités fondé par Prodi et Bayrou avec l’ADLE (Association des Démocrates et Libéraux Chrétiens). Ce parlement européen demeure une institution mal connue des européens et des français. Son fonctionnement est atypique, il n’y a pas de clivage comme en France, c’est la recherche d’un consensus ou d’un compromis. Le meilleur exemple est la présidence du parlement qui alterne entre les deux principaux groupes. L’Eurodéputé n’est pas connu des électeurs, il s’agit souvent des perdants des élections dans leur pays. En 2007 la composition du parlement à été modifié, il a fallu l’élargir, 18 Bulgares et 35 Roumains sont entrés au parlement. Malheureusement un groupe d’extrême droite est apparu avec 20 europdéputés ITS. 


Publié dans XXème siècle

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